Kinshasa, 19 novembre 2021 : Joseph Kabila, est l’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC) de 2001 à janvier 2019. Retiré dans sa ferme de Kingakati, à 50 kilomètres de la capitale Kinshasa, où il a aménagé un vaste parc animalier, l’ancien président a laissé à son successeur, Félix Tshisekedi, un pays toujours ensanglanté par les conflits armés, et qu’il a échoué à sortir de la misère.
Malgré ses immenses ressources minières, le Congo- Kinshasa, ancienne colonie belge et pays-continent de 100 millions d’habitants, est le 6e pays le plus pauvre du monde et 175e sur 189 au classement de l’indice de développement humain de l’ONU. La moitié de la population n’a pas accès à l’eau potable et 90 % n’a pas l’électricité.
De leur côté, Joseph Kabila et sa famille ont accumulé une indécente fortune, estimée à plusieurs centaines de millions de dollars par une enquête réalisée en 2016 par l’agence Bloomberg.
L’argent des Kabila vient, en partie, de la corruption et du détournement de fonds publics.
C’est ce que révèle à partir d’aujourd’hui, le premier volet de notre enquête « Congo hold-up », qui s’appuie sur 3,5 millions de documents confidentiels issus de la banque BGFI, obtenus par Mediapart et l’ONG plateforme pour la protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF). Ces données ont été analysées pendant six mois par dix-neuf médias internationaux
et cinq ONG, coordonnés par le réseau European investigative Collaborations .
Comme nous le détaillerons dans les prochains heures, les documents «Congo hold-up» montrent que
l’ancien président Kabila, sa famille et ses proches ont reçu, avec la complicité de la BGFI, au moins 138 millions de dollars issus des caisses de l’État entre 2013 et 2018. C’est l’équivalent de 250.000 ans de salaire moyen en RDC.
À cela s’ajoutent 33 millions de dollars déposés en liquide et 72 millions d’origine inconnue qui ont
transité par le compte de la BGFI à la Banque centrale du Congo. Soit un total de 243 millions d’argent public et de fonds suspects encaissés par l’entourage proche
de Joseph Kabila.
Cette banque, c’est la BGFI. La banque du président. Basée au Gabon, le groupe BGFI, déjà cité dans plusieurs affaires de corruption, est très lié à la famille des présidents Omar puis Ali Bongo, qui en est actionnaire, mais aussi à l’autocrate du Congo- Brazzaville, Denis Sassou Nguesso. Opérations acrobatiques, faux libellés, transactions antidatées : la filiale du groupe BGFI en RDC a fait preuve d’une incroyable ingéniosité financière pour aider le clan Kabila à s’enrichir, puis à couvrir les fraudes lorsque de premiers scandales ont éclaté à partir de 2016.