RDC : Que comprendre de l’insécurité alimentaire au Nord-Kivu ?

Kinshasa, 29 janvier 2023 : La Province du Nord-Kivu, située à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) reste parmi les poumons économiques et agricoles du pays. Le climat d‛altitude et le relief confèrent aux sols du Nord-Kivu une certaine complexité.

On pourrait néanmoins diviser les sols du Nord-Kivu en trois grandes classes, dont les sols volcaniques récents (provenant des coulées de lave de volcans). Les coulées récentes ne permettent pas encore à l‛agriculture de s‛y installer ; tandis que dans les coulées plus anciennes, la lave est particulièrement décomposée et forme un sol parfois encore superficiel mais très fertile. Ces sols se retrouvent entre Goma et Rutshuru. Les sols des plaines alluviales : ces sols se retrouvent dans les plaines de la Semliki et proviennent des dépôts lacustres, de la rivière Semliki et de ses affluents. Les sols des roches anciennes : ces sols sont très profonds et riches en humus. Ils sont assez argileux et peu compacts et disposent, en surface, d‛une importante réserve de matières organiques.

Composée de six territoires, le Nord-Kivu est l’une des provinces de la RDC la plus convoitée parce qu’elle renferme des sols riches et très impressionnants.

Les habitudes alimentaires sont presque les mêmes pour tous les habitants de cette partie, en ce sens qu’ils consomment les mêmes aliments mais dans les proportions différentes suivant les catégories sociales. Les aliments de base sont constitués de la farine de manioc, de pomme de terre, de patates douces, maïs, du riz. Ces aliments sont accompagnés depuis lors, par le haricot, les légumes, les viandes ainsi que les poissons.

Comprendre l’insécurité alimentaire au Nord-Kivu

En dépit de toutes les potentialités alimentaires que regorgent les territoires et villes du Nord-Kivu, il s’observe aujourd’hui une insécurité alimentaire à grande échelle.

Dans un entretien avec depêche.cd, Pierrot Mandefu Bwanasiki, responsable de liaison du Syndicat de Défense des Intérêts des Paysans (SYDIP) évoque plusieurs raisons de l’insécurité alimentaire.

Pour lui, l’activisme des groupes armés locaux et étrangers, le mouvement des populations qui abandonnent leurs champs, l’accès à la terre sont entre autres les causes principales. Les personnes souffrant de cette insécurité alimentaire sont des populations et particulièrement dans les milieux ruraux. Plus encore, les conflits fonciers, le changement climatique, le manque d’accès à l’eau potable, les inégalités ainsi que des mauvaises politiques agricoles et alimentaires s’ajoutent aux causes de l’insécurité alimentaire au Nord-Kivu.

“Nous ne sommes pas en mesure d’encadrer correctement les paysans suite à l’insécurité au niveau des lieux de production, surtout aussi à la guerre imposée au niveau des territoires de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi. Celà fait qu’au niveau de la partie sud de la province du Nord-Kivu, on se heurte à la difficulté de la production parce que les producteurs que nous encadrons sont tous en déplacement à cause des atrocités de la Guerre. Il y a plusieurs facteurs qui sont à la base de l’insécurité alimentaire. C’est vrai l’insécurité s’observe dans presque toute la province, alors l’exploitation des champs a diminué et la récolte souvent est à la merci parce que chaque fois que la production approche, les groupes armés s’emparent des zones de production et consomment gratuitement la récolte des producteurs et cela fait qu’il n’y a pas un mouvement d’évacuation vers les milieux de consommation. C’est pour cela qu’au niveau de la ville de Goma, la Pomme de terre qui pouvait facilement quitter Kibumba n’arrive pas en destination. Il n’y a pas accès. C’est pour cela que nous avons maintenant la difficulté de pouvoir assurer la sécurité alimentaire. Effectivement, l’insécurité alimentaire est liée à d’autres facteurs tel que je les ai énoncé avant, c’est la question par exemple de l’accès à la terre. Dans d’autres territoires, ce n’est pas facile parce que la plus grande étendue des terres est exploitée par les concessionnaires, alors les petits paysans n’ont pas la facilité d’avoir la terre qui peut enclaver, et donc ils utilisent des portions de terre et parfois ils font les étalages en louant dans les concessions des gens. Du fait que les paysans utilisent des petites portions plusieurs fois, ils ne pratiquent pas tellement les techniques culturelles tel que le zanchere pour qu’on puisse reposer un peu la terre”, souligne Pierrot Mandefu Bwanasiki.

La situation s’est empirée avec l’avènement du M23 dans le Rutshuru ?

Plus de 150 000 personnes ont fui les affrontements qui opposent depuis plus de six mois les terroristes du M23 aux forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) dans les territoires de Rutshuru et Nyiragongo. Ces populations se sont regroupées dans les sites des déplacés dans à l’entrée Nord de la ville touristique de Goma et à Kanyabayonga, dans le sud du territoire de Lubero.

Plusieurs organisations ont reporté des menaces alimentaires qui pèsent sur les déplacés dans la province du Nord-Kivu. Des enfants, jeunes filles et garçons encore des femmes allaitantes sont frappés de malnutrition aiguë. Malgré l’assistance de certaines organisations humanitaires, la situation continue de s’empirer. Dans le cas des déplacés de Kanyaruchinya, plus de 15 personnes sont décédées de l’insécurité alimentaire ou de faim.

Le PASA et le SYDIP pour faire face à la situation

Les organisations paysannes bénéficiaires de l’accompagnement du projet d’appui au secteur agricole au Nord-Kivu (PASA -NK) dans les territoires de Masisi, Nyiragongo, Rutshuru, Lubero et Béni continuent à se battre en plate couture pour renverser la tendance. Le SYDIP qui en fait partie se félicite de quelques travaux déjà effectués dans les territoires de Nyiragongo, Masisi et Lubero. Maintenue dans la filière de la pomme de terre, cette organisation estime que n’eût être la résurgence des terroristes du M23, il y aurait déjà une croissance sur le plan productivité.

Comparativement à la période d’avant projet, un hectare produisait difficilement 6 à 8 tonnes de la pomme de terre. Aujourd’hui, avec la technologie utilisée par le SYDIP, ils sont au-delà de 20 tonnes par hectare.

M. Pierrot Mandefu Bwanasiki responsable de liaison SYDIP dans la province du Nord-Kivu et dans la partie Sud de l’ex orientale croit aux stratégies mis en place. Pour faire face à l’insécurité alimentaire, le Ministre de l’agriculture a inauguré en début de janvier 2023 un entrepôt d’une capacité de 500 tonnes. Construit dans la ville touristique de Goma, cet entrepôt a été remis officiellement au Syndicat de Défense des Paysans (SYDIP), en tant que chef de fe de la filière pomme de terre dans la mise en œuvre du projet PASA-NK.

“N’eut été la situation que nous vivons actuellement, nous intervenons dans trois territoires pour accompagner les producteurs de la pomme de terre notamment Lubero,. Nyiragongo et Masisi. De ces coins du côté de la filière pomme de terre, il y a déjà l’évolution énorme sous l’accompagnement du projet PASA en partenariat avec le SYDIP. Nous allons accompagner 4000 bénéficiaires et jusqu’à présent nous sommes à 2800 bénéficiaires, nous devrions déjà pour cette année ajouter le nombre des bénéficiaires mais dommage que nous n’avons pas accès dans d’autres coins vous pouvez identifier les bénéficiaires. Mais il y a déjà amélioration de la production par ce que pour l’instant avec le rendement que nous avons atteint, nous étions déjà au-delà de 20 tonnes. Le rendement moyen dans le terrains qui ne sont pas tellement productifs c’est à 18 tonnes à l’hectare. C’est déjà une bonne évolution par ce qu’au départ du projet , la moyenne de production était à 6 ou 8 tonnes par hectare dans les milieux paysans mais avec les packets technologiques que nous avons introduit pour améliorer la productivité, nous sommes jusqu’à 18 ou 20 tonnes par hectare. C’est-à-dire le projet a contribué qui était au tour de la filière pomme terre par ce que dans la sous-région, il y a un problème de la qualité de la semence et le projet a puis introduire des nouvelles variétés qui n’étaient pas cultivées dans la plupart des territoires et celà a fait que les producteurs puissent améliorer leur production”, précise-t-il.

Et de poursuivre : “Nous estimons que lorsqu’il y aura accalmie nous allons poursuivre à identifier d’autres producteurs pour que nous puissions atteindre la cible convenue dans le projet et aussi transférer notre technologie à d’autres producteurs qui sont aux alentours avec ce que nous utilisons comme technique et ce que nous faisons comme accompagnement. Sur terrain, même les producteurs qui ne sont pas concernés par le projet sont entrain d’appliquer notre technologie. Nous considérons qu’il y a déjà des avancées. Je tiens à vous dire que le projet vient de construire un entrepôt de 500 tonnes en ville de Goma par ce qu’il y avait un problème de conditionnement”, a-t-il renchéri.

Magloire TSONGO

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