Kinshasa, 2 mars 2023- Quatre organisations de la société civile ne jurent que sur la tenue d’un procès judiciaire pour établir les responsabilités de toutes les personnes et sociétés impliquées dans la débâcle du projet sino-congolais. D’après un rapport de l’inspection générale des finances, IGF en sigle, la République démocratique du Congo a été roulé dans la farine à travers ce projet signé en 2008 avec un consortium des entreprises chinoises.
Cette action a été annoncée par l’observatoire de la dépense publique (ODEP), l’association Africaine de Défense des Droits de l’homme ( ASADHO), l’association Congolais d’accès à la justice (ACAJ) et le réseau gouvernance économique et démocratie (REGED).
Les responsables de ces structures étaient face à la presse ce mercredi 28 février à Kinshasa et simultanément à Lubumbashi également pour soutenir ce rapport de l’IGF. Pour eux, cette structure étatique a le pouvoir de contrôler toutes les entreprises, publiques ou privées, qui manipulent les ressources de l’État et du peuple congolais.
À ce titre, le président du conseil d’administration de l’ODEP, le professeur Florimond Mutema a laissé entendre que seul un procès populaire à la nature de celui de 100 jours pourrait apporter plus des éléments dans cette affaire.
“Je rêve d’un grand procès Sicomines, un procès comme nous l’avons vu avec celui de 100 jours. Un procès qui va mettre en lumière la manière dont on a été pillé et la population congolaise sacrifiée par des gens qui a un moment donné ont eu des responsabilités et n’ont pas été à la hauteur. Celui qui a envoyé des négociateurs en Chine d’abord, c’est le visionnaire de la révolution de la modernité, qui a envoyé là-bas avec ses 5 chantiers pour négocier ce mauvais contrat. D’ailleurs les congolais l’appellent le contrat sorcier”, a-t-il déclaré.
Et de poursuivre : “Ensuite, tous ceux qui ont eu des responsabilités dans des différents ministères, la structure de contrôle [ ….] Tous ces responsables là, le Président de l’époque, les différents Premiers ministres, parce que dans le degré d’Aout 2008, le Premier ministre qui a signé le décret sur la surveillance de ce projet, il a mis la coordination sous la tutelle du Premier ministre. Je rêve d’un grand procès, un procès populaire Sicomines pour que la population congolaise comprenne d’où nous venons et où nous allons”, a-t-il exigé.
De son côté, le secrétaire du REGED, le Bishop Abraham Djamba a estimé ce contrat n’a livré aucun bénéfice au Congo et à sa population proportionnellement à ce que la partie chinoise a pu amasser.
Pour lui, les poursuites judiciaires doivent tant viser les négociateurs congolais mais aussi les entreprises chinoises, qui, dit-il, ne peuvent être exemptées de ce qui s’est passé dans ce contrat.
“Ça devait révolter tout congolais. imaginer une fois vous avez 100 milliards de $ et une entreprise vient, elle prend 100 Milliards de $, elle vous donne en contrepartie de 822 millions et vous trouvez qu’il y avait de bon côté? Dans le bon côté, il n’y avait que dans les 822 millions dont on a pris une part pour payer aux pauvres congolais. Et on est en train de parler ici de 100 milliards de $, ça devait nous révolter tous”.
A sa suite, le président de l’ACAJ maître Georges Kapiamba a révélé que ces organisations de la société civile ont fait bloc ensemble pour mener deux actions judiciaires afin de prouver à la face du monde que les congolais sont aussi capables de se prendre en charge.
“Nous vous informons qu’en nous mettant ensemble, nous allons travailler sur deux actions judiciaires, et dans les semaines à venir nous allons vous dire de quel du type d’action judiciaire que nous allons engager, nous les organisations de la société de la société civile mais aussi ensemble avec certains congolais qui vont se joindre à notre mouvement parce que nous voulons au moins cette fois montrer à la face de l’Afrique et du monde que nous pouvons nous prendre en charge et mettre aux défis les institutions judiciaires nationales et internationales”, a insisté Maître Georges Kapiamba.
Ce, avant de confirmer que le travail d’analyse de ces actions a déjà commencé. Et d’ajouter que toute personne qui aura une quelconque responsabilité dans ce qui s’est passé dans la débâcle de cette convention sera aussi citée et mise à la disposition de la justice nationale ou internationale.
Par ailleurs, ces organisations de la société comptent aussi mobiliser la population congolaise afin de faire un sit-in devant l’ambassade de la Chine pour exprimer leur ras-le-bol de ce qu’elles qualifient de “drame”.
Cédric BEYA