Page d’histoire : “C’était Simon Kimbangu” (Par Thomas Luhaka)

Kinshasa, 06 avril 2023- La République Démocratique du Congo célèbre ce 6 avril, la journée du combat de Simon Kimbangu et de la conscience Africaine. Instituée par le président Félix Antoine Tshisekedi dans une ordonnance présidentielle signée le 3 avril de l’année en cours, cette journée est une promesse faite lors de la célébration du centenaire de la disparition du prophète Kimbangu à Nkamba, dans le Kongo Central.

Thomas Luhaka explique dans cette tribune, l’histoire glorieuse de ce grand prophète africain.

La route des caravanes

L’histoire de Simon Kimbangu correspond presque à la création de l’Etat Indépendant du Congo (EIC) et à sa colonisation par la Belgique. En effet, en 1881, Henry Morton Stanley, explorateur-journaliste et employé du roi des Belges Leopold II, avec l’accord de Ngaliema (représentant de Makoko Iloo1er, le roi des Bateke), crée le poste de Stanleypool; Stanleypool qui deviendra Leopoldville en 1882, aujourd’hui Kinshasa. Stanley et ses hommes vont créer, entre Boma et Leopoldville, une piste de 4,50 m de large. Cette piste permet aux caravanes de contourner les chutes du fleuve Congo qui rendent ce grand fleuve non-navigable sur ce tronçon.

Les missions protestantes s’installent. Le révérend Cameron

Tout le long de cette route, communément appelée la route des caravanes, six missions d’évangélisation protestante vont s’y installer. La Baptist Missionary Society (BMS en sigle) s’installe à Ngombe-Lutete. Aujourd’hui, la BMS est devenue la 13e Communauté Baptiste du Fleuve Congo (CBFC), l’une des communautés de l’Église du Christ au Congo (ECC). On raconte qu’un jour, un pasteur anglais du nom de Cameron, poursuivi par la population du village de Mbanza-Lemba, qui ne voulaient rien savoir de Jésus-Christ, fils de Dieu, et de la Bible, va se réfugier dans un village voisin du nom de Nkamba; dans la case d’une dénommée Kinzembo. Sauvé de justesse par cette âme charitable, le révérend Cameron va bénir la dame Kinzembo et les siens. Kinzembo va prendre cette bénédiction au sérieux.

L’État congolais est créé

Après la Conférence de Berlin, qui s’est clôturée le 26 février 1885, et qui a partagé l’Afrique entre les puissances européennes, l’Etat Indépendant du Congo (EIC), le seul État africain signataire de l’Acte général de Berlin, est officiellement proclamé à Vivi, première capitale de la RDC, le 1er juillet 1885.

La naissance de Kimbangu

Le 12 septembre 1887, Luezi, la sœur de maman Kinzembo, donne naissance à un petit garçon que les parents vont appeler  » Kimbangu « . Ce nom signifie  » celui qui révèle la vérité cachée « . Kuyela, le père du petit Kimbangu, et son épouse Luezi ne sont pas des chrétiens. Certaines sources nous apprennent même que Kuyela était un  » nganga nkisi « , un féticheur qui savait neutraliser les  » ndoki « , les sorciers et les sorts qu’ils jetaient sur leurs victimes.

Kimbangu est élevé par maman Kinzembo

Malheureusement, Luezi, la maman de Kimbangu, va mourir alors que son enfant est encore en bas âge. Maman Kinzembo, sa tante maternelle, va récupérer le petit garçon et l’élever comme son propre fils. Maman Kinzembo était convaincue de manière intuitive que la bénédiction du pasteur Cameron produira des effets dans la vie du jeune Kimbangu et que celui-ci aura donc un destin extraordinaire.

Kimbangu devient catéchumène

Kinzembo, la tante maternelle du petit Simon Kimbangu, va le confier à la BMS de la mission de Lukunugu. Comme catéchumène, c’est à dire une personne qu’on instruit dans la foi chrétienne pour la préparer au baptême, Kimbangu va apprendre à lire et à écrire sur les textes bibliques en kikongo. Parce que depuis 1897, le pasteur Bentley de la BMS avait déjà traduit la Bible en kikongo. Le catéchuménat de Kimbangu va durer quatre ans.

Léopold II cède le Congo à la Belgique

C’est à cette époque que Léopold II, le chef de l’État Indépendant du Congo, sous la pression de la  » communauté internationale  » de l’époque (États-unis, Angleterre, Allemagne. . . ), qui lui reprochent les crimes commis au Congo durant sa gestion, va céder sa propriété privée, moyennant une forte somme d’argent, à la Belgique. L’État Indépendant du Congo devient le Congo-Belge le 15 novembre 1908. Pour satisfaire l’une des revendications de la Communauté belge, la Belgique va rétablir la liberté du commerce au Congo.

Simon Kimbangu rencontre Marie Mwilu

Après sa formation religieuse chez les missionnaires protestants de la BMS, Kimbangu revient chez lui à Nkamba où il devient cultivateur. Et il vend du tabac. Il fait la connaissance d’une jeune femme du nom de Marie Mwilu. Ils se marient coutumièrement. Dieu va bénir cette union puisque rapidement ils vont avoir un petit garçon qui sera appelé Daniel Charles Kisolokele. Le 4 juillet 1914, Simon Kimbangu et Marie Mwilu se font baptiser et se marient religieusement à Ngombe-Lutete.

Kimbangu entend des voix

Après son mariage religieux, Kimbangu devient catéchiste à la mission protestante de Ngombe-Lutete. C’est au cour de cette période que le couple va avoir deux autres garçons. Salomon Dialungana Kiangani (né le 25 mai 1916) et Joseph Diangienda Kuntima (né le 22 mars 1918). C’est aussi à cette époque que Simon Kimbangu attend la voix de Dieu qui lui donne la mission  » d’annoncer l’évangile  » et d’être  » le témoin du Christ « .

Kimbangu à Léopoldville

En 1919, après la première guerre mondiale, Simon Kimbangu décide de venir à Léopoldville (Kinshasa). Pour quelle raison ? Trois explications possibles. Certaines personnes affirment que Simon Kimbangu a quitté sa région natale pour échapper à la voie de Dieu ; parce qu’il se considérait comme étant indigne de cette grande mission. D’autres affirment plutôt qu’il serait parti à Léopoldville parce qu’il était déçu de n’avoir pas été nommé pasteur. La dernière explication avancée est plus prosaïque. Il serait parti tout simplement pour chercher un travail mieux rémunéré.

L’employé des HCB

Arrivé à Léopoldville, Simon Kimbangu trouve un emploi de pointeur des tonneaux à huile à la société Huileries du Congo Belge (HCB); une société du groupe anglais Unilever. HCB est devenue aujourd’hui MARSAVCO (Margarinerie et Savonnerie du Congo). HCB était située à quelques centaines de mètres d’une mission BMS de Léopoldville (sur l’avenue Lukusa, en diagonale du Premier Mall).
Il est probable que Simon Kimbangu ait pu croiser un autre employé d’origine Sierra-leonaise qui travaillait à la même époque aux HCB. Ce cadre africain s’appelait Christopher Addingtine Moore. C’est le grand-père maternel du célèbre artiste-musicien Christophe-Antoine Agbepa Mumba alias Koffi Olomide.

L’influence de Marcus Garvey

C’est dans ces milieux des HCB et de BMS que Simon Kimbangu va entrer en contact avec les idées du révolutionnaire noir américain Marcus Garvey. On sait qu’un noir américain, du nom de Wilson, qui travaillait aux HCB, avait été expulsé du Congo pour avoir propagé les idées de Marcus Garvey. Quelles sont ces idées ?

1. La civilisation noire est une racine de la civilisation européenne.

2. Les noirs doivent briser leurs chaînes et redevenir les guides de l’humanité.

3. Le Christ lui-même était noir.

4. Les noirs doivent créer leur propre religion basée sur leurs propres traditions.

La première guérison miracle

Imprégné de ces idées, Simon Kimbangu retourne dans son village à Nkamba où il se remet à faire les champs. Le 11 mars 1921 (d’autres parlent du 18 mars), il se rend au marché de Kenge, accompagné de son fils aîné Charles Kisolokele, qui a sept ans. Ils s’arrêtent au village de Ngombe-Kinsuka. Et là, Simon Kimbangu va guérir une femme qui s’appelait Nkiantondo en lui imposant les mains et en priant. C’est la première guérison miracle. La nouvelle va se répandre comme une trainée de poudre dans la région.

Simon Kimbangu attire des foules

Le 6 avril 1921, une foule immense accoure à Nkamba où, pour la première fois, Simon a va prêcher l’évangile tout en guérissant les malades. Il va poursuivre sa mission de prédication et de guérison pendant deux mois (du 6 avril au 6 juin 1921) devant des foules de plus en plus nombreuses et venant du Bas-Congo et de Léopoldville. Désormais, on le surnomme  » Ngunza « ; qui signifie le guérisseur. Il a 33 ans !

A suivre !

Thomas Luhaka Losendjola

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