Beni, 07Juin 2023 : L’insécurité prend de plus en plus de l’ampleur inquiétante, depuis près d’un mois, en ville de Beni, au Nord-Kivu. Désormais, il ne se passe une nuit sans qu’on enregistre un cas d’assassinat, soit de cambriolage des maisons des civils.
Le dernier cas en date est le cambriolage couplé à l’assassinat d’un jeune homme d’une trentaine d’années la nuit du lundi au mardi 6 Juin 2023, dans le quartier Malepe, en commune Beu. D’après des témoignages recueillis par dépêche.cd, sur le lieu du drame, Kambale Kalendi, père de famille qui laisse derrière lui deux enfants et une veuve enceinte, a été tué pendant qu’il voulait intervenir après que des bandits aient fait incursion à la résidence de son voisin, où ils ont emporté plusieurs biens de valeurs et une somme importante d’argent.
La société civile coordination de Beni, qui déplore la recrudescence de l’insécurité en ville hausse le ton. Cette structure pointe comme nombreux habitants victimes de cette insécurité, certains éléments de la Police, d’être auteurs de ces cas d’insécurité.
Maître Pépin Kavotha, son président, cite par exemple le cas d’un jeune homme récemment fusillé par un policier en service dans la cellule Kibango. Il s’appuie aussi sur le dernier cas au quartier Kalinda, où un taximan a ravi une arme d’un militaire qui devait mettre fin à sa vie.
La Police Nationale Congolaise (PNC), à travers son commandant urbain qui rejette ces accusations, pointe à son tour du doigt les acteurs politiques et animateurs récemment nommés, en vue d’une probable levée de l’état de siège, d’être à la base de cette insécurité dans la ville de Beni.
Le Commissaire supérieur principal Kahuma Lemba Sebastien, commandant de la Police à Beni, indique que l’insécurité serait due à la population qui ne veut pas la restauration de la paix.
“Ce n’est pas la police qui est à la base de l’insécurité. Ça ne commence pas aujourd’hui, vous connaissez mieux le nœud du problème, on ne peut pas aller à 4 chemins. Ce sont des mains noires des politiciens et les gens qui étaient nommés pour être des maires et des bourgmestres qui sont en train d’inciter la population à la désobéissance civile, ainsi qu’aux actes de sabotage pour dire non à l’état de siège, et que eux ils commencent leurs activités en tant que des civils. Il n’y a jamais eu des élections à la Police, même au ciel, il n’y a pas d’élections, on fait le travail de routine comme il se doit”, a-t-il déclaré à la presse.
A la question de savoir pourquoi certains bandits sont vêtus en tenue policière ou militaire, selon les témoignages de certaines victimes des incursions, le commandant de la police précise que ces tenues sont souvent ravies par des inciviques qui attaquent les éléments de l’ordre. Même si officiellement des tels cas n’ont jamais été rapportés à la presse.
Réactions de certains animateurs récemment nommés par le Chef de l’État
Les animateurs récemment nommés par le Chef de l’État, en remplacement des autorités militaires et policières de l’état de siège, une fois cette mesure levée, réagissent face aux accusations du commandant de la PNC.
Dans une sortie médiatique ce mardi 6 juin 2023, Bernard Kambale, cadre de l’Union pour la démocratie et le progrès Social (UDPS), récemment nommé Bourgmestre de la commune Bungulu, juge d’irresponsable les propos du commandant de la PNC, en ville de Beni.
Dans cet entretien avec dépêche.cd, cet acteur politique menace de porter plainte contre les autorités de l’état de siège, qui en plus de leur incapacité à restaurer la paix et l’autorité de l’État en ville de Beni, accuse à tord et à travers les nominés sans des preuves.
“(…) D’abord c’était le maire de la ville qui est entré en guerre contre celui qui l’avait nommé comme autorité de la ville de Beni, en disant que c’est l’ordonnance prise légalement et normalement dans les fonctions du Chef de l’État pendant la grâce présidentielle qui était à la base de l’insécurité en ville de Beni, comme c’est le Chef de l’État qui cite nommément des bandits qu’ils faut gracier (….). Nous nous sommes tus comme c’était le premier acte. Mais comme c’est le deuxième acte, nous trouvons que c’est un peu trop et nous nous réservons le droit d’aller à la justice. Nous demandons à ce commandant de la PNC d’apprêter ses éléments de preuve. Nous soutenons toujours l’idée du Chef de l’État et nous demandons à la population de rester calme”, a déclaré Bernard Kambale.
Solution pour mettre fin à l’insécurité à Beni
Il faut noter que la ville de Beni, fait face depuis quelques mois à une criminalité urbaine, qui prend ces derniers temps de l’ampleur. Depuis début juin, au moins 3 cas d’assassinats ont été déplorés, sans compter des incursions nocturnes et cambriolage dans des maisons des civils qui se soldent par pillages.
La société civile comme plusieurs autres leaders communautaires encouragent la population à la vigilance. Depuis quelques semaines, des jeunes passent nuit autour du feu dans différents quartiers pour tenter de pallier à l’inefficacité des forces de sécurité. Ces groupes des vigilances sont aussi soutenus par certaines autorités compétentes.
Roger KAKULIRAHI