Kinshasa, 31 juillet 2023- Le crédit confiance en la justice congolaise ne cesse de s’éroder au jour le jour face à des dossiers pendants qui tardent à se dénouer. Et lorsque le Magistrat suprême exprime haut et fort et publiquement sa déception sur l’appareil judiciaire de son pays, il y a lieu de croire que le secteur est fort malade. La détention prolongée de Salomon Kalonda sans jugement, le chauffeur et le garde du corps de feu Chérubin Okende empêchés d’entrer en contact avec leurs avocats, le vol de plus de 120 tonnes de cathodes de cuivre de Tenke Fungurume Mining (TFM) à Lubumbashi, trois dossiers très chauds sur lesquels la justice traîne les pas. Pour l’opinion, ces trois dossiers constituent une raison de ne pas faire confiance aux opérateurs officiels du secteur judiciaire.
L’opinion se rappelle que, depuis son interpellation, Salomon Kalonda vient de purger au total 60 jours en détention sans être jugé. En dépit de bien des démarches menées par la justice et d’autres services spécialisés, sans preuves contre le conseiller spécial de Moïse Katumbi pour chercher le moindre indice de son implication dans les charges qu’on veut lui imputer, le détenu est toujours en prison. La position de ses avocats bruxellois selon laquelle le conseiller spécial de Moïse Katumbi est un prisonnier politique du Régime Tshisekedi, tend à se confirmer. Après les premières fuites sur le contenu de son coffre-fort amené à Kinshasa par les services de l’ex-Demiap, analyse froidement un homme de droit, après la perquisition de sa résidence de Lubumbashi, alors que la justice militaire n’y a trouvé rien de compromettant ; les contacts avec des galonnés rwandais se sont aussi avérés des contacts normaux, ordinaires entre un opérateur sportif et ses partenaires ou entre un opérateur politique et un partenaire en partage avec certains dirigeants politiques, il y a lieu d’accorder peu de crédit à la justice congolaise.
POURRAIT-ON RENVERSER LE REGIME AU MOYEN D’UN REVOLVER ?
En plus, il est loin de croire que Salomon Kalonda pourrait le régime, comme l’a soutenu l’OPJ de l’ex-Demiap au profit d’un ressortissant katangais, au moyen d’un revolver du reste revendiqué par Matata Ponyo. C’est à ces conclusions qu’a abouti cet avocat, inquiet du rendement des services de sécurité et de la justice.
Pour étayer son jugement, celui-ci a rappellé les dossiers François Beya, Fortunat Biselele et Frank Diongo, respectivement autorisé à se faire soigner à l’étranger et bénéficiaires d’une liberté provisoire après des accusations d’atteinte à la sûreté de l’Etat et de longues détentions arbitraires.
Le dossier sulfureux de l’assassinat de Chérubin Okende ne bénéficie pas, non plus, du traitement que l’urgence lui confère.
D’autant qu’au lendemain de la survenue de ce drame, plusieurs réactions, à commencer par celle du président de la République, ont appelé à une commission d’enquête internationale indépendante.
LA FAMILLE OKENDE DEMANDE L’IDENTITE
DES MEDECINS LEGISTES
Pour leur part, les avocats du garde du corps et du chauffeur de
Chérubin Okende ne cessent de chercher à obtenir l’accès à leurs clients et organiser ainsi leur défense devant la commission d’enquête au Commissariat provincial de la police ville de Kinshasa. Sans succès. Ce qui a surpris Ensemble pour la République, le parti de
Chérubin Okende. Alors que les avocats de la famille ne comprennent pas la volonté de la justice de pratiquer l’autopsie sans la présence préalable des experts de la Monusco et des médecins légistes, encore moins des experts de tous les pays étrangers saisis par le gouvernement.
Au sujet de cette autopsie, la famille du défunt pose ses préalables dans un courrier adressé le 27 juillet au Procureur de la République près le Parquet de grande instance de Kinshasa Gombe. Elle demande l’identité des médecins légistes et attend une invitation formelle de son représentant.
“Informée de l’imminence d’une autopsie à réaliser, sous cette plume, la famille qui demeure disposée à
accompagner le Parquet, rappelle les termes de la susdite lettre et vous prie de la fixer sur l’identité des médecins légistes qui vont réaliser cette autopsie ainsi que leurs domaines de compétence. Du point de vue de la famille Chérubin Okende, pour la sincérité des conclusions de l’autopsie à réaliser, elle exige qu’elle soit faite avec la participation des médecins légistes de la Monusco et de ceux d’au-moins trois pays étrangers, tel qu’annoncé par le Gouvernement de la République. Ceci aura le mérite d’éviter des conclusions non conformes à la réalité». Comptant sur votre diligence habituelle, nous osons croire que vous rencontrerez les préoccupations ici exprimées et demeurons dans l’attente d’une invitation formelle du représentant de la famille”, ont écrit les avocats.
DOSSIER DU VOL DES CATHODES DE CUIVRE DE TFM
Ce n’est pas tout.
Pendant ce temps, la même justice traîne le pas pour enquêter sur le dossier tout chaud du vol dès cathodes de cuivre de Tenke Fungurume Mining (TFM). On parle de plus de 120 tonnes de cuivre détournées. Une affaire qui a indexé des personnalités provinciales du Haut-Katanga. Après avoir été entendues, celles-ci sont rentrées dans la capitale cuprifère. Le PG de la Cour de Cassation a lancé un mandat d’amener contre le ministre provincial de l’intérieur. Éric Muta, donné pour un fugitif, est rentré à Kinshasa pour se mettre à la disposition de la justice alors que, selon des sources concordantes, la pression est exercée sur le gouvernement provincial du Haut Katanga en vue de trouver un arrangement à l’amiable avec TFM. Ce qui a fait réagir certaines sources qui parlent d’une justice à double visage ou à deux vitesses et prête à châtier des innocents et lente à sanctionner les coupables poursuivis pour des faits avérés.
Avec Forum des As