Kinshasa, 21 août 2023- L’ambassadeur sortant de la Délégation de l’Union européenne en République démocratique du Congo (RDC), Jean-Marc Châtaigner, a fait, jeudi, le bilan de son mandat à la tête de cette représentation diplomatique. La prochaine destination du diplomate Jean-Marc Châtaigner, au mois de septembre, sera le Cameroun, comme ambassadeur de l’UE avec une compétence sur la Guinée équatoriale.
Ci-dessous l’intégralité de l’interview :
Quel est votre bilan à la tête de la Délégation de l’Union européenne en RDC et à quel niveau se situe le programme de coopération avec Congo-Kinshasa ?
J-M Châtaigner : “C’est le bilan de belles rencontres avec des autorités, des jeunes, des femmes, des gens de la société civile, des entrepreneurs, des porteurs des projets. Je suis content d’avoir réussi à les accompagner dans leurs projets ou programmes. J’ai vu de très belles choses que l’Union européenne faisait en termes d’infrastructures, d’environnement avec le parc national des Virunga notamment, aussi en termes de santé et de développement humain. Ce n’est pas mon bilan personnel, c’est aussi un bilan collectif. Ce sont des actions qui se sont inscrites dans le temps, des choses qui ont été décidées parfois par mes prédécesseurs. C’est un travail d’équipe. Quant au programme, nous avons un programme 2021-2027, un programme de 700 millions d’euros dont 400 millions pour la période 2021-2024. C’est des programmations pour l’aide au développement en RDC. Nous faisons de l’appui à la gouvernance, le soutien à la justice, le soutien aux FARDC, le soutien à la police, le développement humain dans le secteur de la santé sur lequel nous avons investi plus de 200 millions d’euros en cinq ans, sur lequel nous allons construire plus de 45 hôpitaux, beaucoup de centres de santé, sur lequel nous apportons la couverture santé universelle, l’aide aux mutuelles. Nous avons l’alliance verte qui est l’appui à l’environnement, mais qu’on a essayé d’élargir pas simplement à la conservation de l’environnement, mais aussi l’aide aux populations, mais aussi l’aide à la transition verte, à l’énergie (l’hydro-électricité, le solaire), mais aussi l’aide au développement agricole au pays. Sous mon mandat, nous avons travaillé sur de nouvelles pistes vers l’autonomie alimentaire de la RDC, vers l’appui au secteur énergétique“.
Quelle est la part de l’Union européenne dans le processus électoral en cours en RDC ?
J-M Châtaigner : “Nous répondons à la demande faite par le président Tshisekedi, celle d’un appui, une observation électorale internationale en RDC. Une décision a été prise à Bruxelles, l’UE accompagnera, observera le processus électoral. Par ailleurs, nous appuyons certaines initiatives au niveau de la CENI, au niveau de certaines institutions, au niveau de l’observation électorale nationale, certaines organisations pour que les élections soient observées. Donc, nous apportons notre petite pierre à l’organisation du processus électoral, qui reste massivement financé par des ressources financières congolaises”.
A quelle étape se trouve le “Protocole d’accord sur la chaîne de valeurs sur les minerais stratégiques”? Et, enfin, quel souvenir gardez-vous de la RDC ?
J-M Châtaigner : “Nous voulons établir un partenariat gagnant-gagnant entre la RDC et l’Europe. Pour l’instant, l’Europe dépend beaucoup des minerais stratégiques qui ne viennent pas directement de la RDC, qui transitent par la Chine, par les pays asiatiques. Notre souhait serait que nous établissions une chaîne d’approvisionnement qui arrive directement en Europe. Nous pensons qu’il y a quelque chose de plus au Congo que les autres manquent, donc, installer au Congo une usine de transformation qui puisse apporter de l’emploi local est plus important. Peut-être aussi réfléchir pas seulement à l’aspect minier, mais également à l’aspect plus intégré, notamment énergétique, avec la construction des centrales hydro-électriques qui permettront d’alimenter ce secteur minier. Nous sommes en débat, en discussions sur ce protocole d’accord-cadre avec la RDC, que nous pensons conclure d’ici la fin de l’année”.
Et de conclure : “Enfin, il y a deux choses qui me resteront toujours en mémoire pour la RDC. La première est un peu triste, celle de mon ami Luca Attanasio qui a été tué en RDC, il y a maintenant deux ans. Luca a été victime, avec son chauffeur, de l’insécurité qu’il y a à l’Est. L’optimisme qu’il avait, ce qu’il apportait à la population, le travail qu’il faisait avec sa femme pour les orphelins de Kinshasa, c’est quelque chose de fort que je garde de lui. Le souvenir un peu plus joyeux que je garde, nous avons constitué à l’Union européenne un comité consultatif des jeunes qui s’appelle ‘‘Bilenge’’. 22 jeunes ont été choisis aux termes d’un processus long de sélection. Les discussions qu’il y a eu avec ces jeunes, ont été d’une très grande intensité, l’énergie extraordinaire très positive que ces jeunes dégagent et les initiatives qu’ils prennent, me rendent très optimiste sur l’avenir, de voir ces jeunes capables de se mobiliser, de faire des choses, de bouger des choses, pas être d’accord avec moi, de discuter avec moi, d’échanger”.
La rédaction