Kinshasa, 27 septembre 2023 : L’organisation médicale humanitaire Médecin Sans Frontières (MSF) a officiellement annoncé son désengagement des activités de lutte contre les violences sexuelles dans la province du Kasaï-Central, 6 ans après son intervention.
Au cours d’un café de presse animé ce mardi 26 septembre 2023, les responsables de cette organisation ont justifié l’intervention de MSF à Kananga, en réponse à la crise liée au conflit Kamuina Nsapu qui s’est éclatée au Kasaï Central, avant de se propager dans la région du Grand Kasaï.
D’après Faida Kyamba, coordonnatrice du projet de lutte contre les violences sexuelles, une clinique MSF a été ouverte à l’hôpital provincial de référence de Kananga, offrant des soins gratuits pour des cas de traumatisme et violences sexuelles et plusieurs centres de santé ont bénéficié de l’accompagnement dans la prise en charge des victimes
“Au fil des années, les personnels de toutes ces structures de santé ont acquis des compétences requises pour assurer les soins de qualité aux victimes. C’est le temps pour MSF de se désengager afin de laisser la place aux autorités sanitaires poursuivre les activités”, a déclaré Faida Kyamba.
En termes de réalisations, Médecin Sans Frontières révèle avoir pris en charge plus de 16.000 victimes de violences sexuelles, 7.422 femmes qui ont bénéficié de services de planification familiale, 2.006 cas de traumatisme soignés et plus de 2.600 cas de malnutrition prise en charge à travers un centre nutritionnel thérapeutique, sans oublier les cliniques mobiles.
“Cependant, les violences sexuelles restent une réalité inquiètante dans le Kasaï Central à cause de la faible présence de couverture géographique d’acteurs humanitaires en matière de violences sexuelles, un faible financement dans le domaine et un problème dans l’approvisionnement en intrants pour la prise en charge”, reconnaît Faida Kyamba.
Par ailleurs, MSF relève plusieurs défis notamment la difficulté dans la réinsertion socio économique des victimes dûe à l’insuffisance des acteurs dans la zone ainsi que la stigmatisation et le rejet envers les victimes de violences sexuelles dans la région.
MFS qui lance un plaidoyer aux différents acteurs face à ces défis pour que les victimes accèdent à une prise en charge holistique incluant la réinsertion socio économique, précise que malgré son retrait de la région, un bureau de veille et détection restera afin de surveiller l’évolution. Toutefois, MSF se tient prête à intervenir en cas de crise sanitaire ou humanitaire.
David Saveur MIKOBI