Beni, 30 janvier 2024- La Section Protection de l’Enfant de la mission des Nations-Unies (MONUSCO) a procédé à la vérification et identification des candidats au recrutement par l’armée congolaise (FARDC). L’opération s’est déroulée lundi 29 Janvier 2024, dans le camp militaire de Mambango, en ville de Beni, dans la province du Nord-Kivu.
Lors de cette opération, le service de la MONUSCO a fait le contrôle de 786 jeunes candidats, dont 26 femmes, qui sont arrivés en ville de Beni, après avoir fui le “recrutement forcé des éléments du mouvement rebelle du M23, en territoire de Rutshuru”.
Ces derniers ont été transférés du camp militaire de l’armée à Rwindi où ils arrivaient par vagues successives jusqu’à Beni le vendredi 26 Janvier 2024. A l’issue de cette opération, 69 candidats dont 4 filles ont été reconnus comme mineurs et sortis de la liste des futures recrues.
Ces mineurs ont été transférés par la MONUSCO à une ONG partenaire de l’Unicef pour leur prise en charge psychosociale, dans l’attente de leur réunification familiale qui ne sera possible qu’une fois la guerre terminée, apprend-t-on des sources locales.
A en croire le colonel Faustin Ndakala, responsable des nouvelles recrues au sein des FARDC pour la province du Nord-Kivu, ces jeunes qui ont fui le recrutement forcé par le M23, ont motivé leur décision par le souci de servir la nation, plutôt qu’une rébellion.
“Nous les avons accueillis à partir de Rwindi, ils ont fui le recrutement forcé du M23. Ces 786 jeunes que vous voyez ici, ils viennent des différentes localités occupées par le M23, Rutshuru , Jomba, Kalengera, Bambo, Tongo, Nyanzale, Kikuku, Kibirizi, Mweso et Kitshanga. Nous sommes venus avec eux de Rwindi jusqu’ici à Beni, pour que nous puissions d’abord les stabiliser, les accueillir convenablement à cause de ce qu’ils ont vu : être recrutés de force. Ils n’ont pas voulu adhérer à la demande du M23. Vu que ce sont des jeunes qui ont fui ce recrutement forcé du M23, le gouvernement et les FARDC ont jugé bon de les prendre et d’organiser un recrutement spécial pour ces jeunes”, a-t-il déclaré à la presse MONUSCO.
La même source indique que parmi les 4 filles mineures séparées des candidats au recrutement par les FARDC, l’une est âgée de 17 ans et enceinte. Elle affirme avoir été “violée par 2 éléments du M23 et se dit incapable d’identifier le père de son bébé”, rapporte un agent de la Section Protection de l’Enfant de la Monusco à Beni qui s’est entretenue avec ces jeunes.
Dans le même angle, d’autres jeunes témoignent des exécutions sommaires avec décapitation de leurs parents dans le territoire de Rutshuru par des éléments du M23. Ils accusent aussi ce mouvement rebelle d’avoir exécuté des civils jusque dans leurs toilettes.
Recrutement forcé à Rutshuru par le M23
Selon ces jeunes garçons et filles qui ont fui la zone, au péril de leurs vies, une autre pratique du M23 est le recrutement forcé des jeunes. Ceux qui s’y opposent risquent leurs vies. C’est ce que déclare cet autre jeune rencontré par la MONUSCO.
“C’était au dixième mois, les jeunes pointés du doigt par le M23 étaient tués. Ils recrutaient aussi de force des jeunes pour une formation à Kisiza et ceux qui refusaient étaient tués”, disent-ils
Notons que les rebelles du M23 occupent toujours plusieurs villages des territoires de Rutshuru et Masisi dans la province du Nord-Kivu. Les forces congolaises appuyées par des Wazalendo, tentent depuis des mois de déloger ces rebelles des agglomérations qu’ils occupent.
Roger KAKULIRAHI