Beni, 3 Février 2024- Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix des Nations Unies est en visite à Beni au Nord-Kivu, depuis, vendredi 2 Février 2024. Jean Pierre Lacroix a été accueilli à l’aéroport de Mavivi, par le chef de bureau de la MONUSCO/Beni, Josiah Obat, et le commandant de la brigade d’intervention de la MONUSCO (FIB), le général Alfred Luciano Matambo.
Après les honneurs militaires, J-P Lacroix et sa suite ont été briefés sur la situation sécuritaire générale dans la zone de Beni, le briefing leurs a permis de se faire une idée des moyens et mécanismes de lutte mis en place par la MONUSCO contre le phénomène d’abus et exploitation sexuels (EAS) commis par certains agents (civil, policier et militaire) des Nations Unies dans la région.
Si le désengagement de la MONUSCO de la province du Sud-Kivu est l’objectif principal de cette visite qui mènera notamment la délégation à Bukavu, Goma et Kinshasa, Jean-Pierre Lacroix et sa suite arrive à Beni pour voir comment aider à mieux prévenir ce phénomène de l’EAS. C’est dans ce cadre que la délégation a rencontré des membres des Réseaux communautaires de signalement de plaintes (CBCN) contre les abus et exploitation sexuels. Il a été question de voir ensemble comment améliorer la réponse des Nations Unies face à ce phénomène.
La MONUSCO, pour sa part, fait beaucoup pour prévenir les cas d’EAS. Il s’agit notamment de la sensibilisation et organisation des différentes formations du personnel à la prévention contre l’EAS, instauration de couvre-feu, interdiction de fréquentation de certains endroits (bars, boites de nuit…), installation de caméras de surveillance dans les bases militaires pour contrôler les mouvements de personnel, amélioration des conditions de vie du personnel à travers des activités socioculturelles, danses, sports, etc. (Welfare), sensibilisations des communautés, etc.
Résultats probants
Depuis septembre 2023, aucun nouveau cas d’EAS n’a été rapporté à la MONUSCO. Ce dont s’est félicitée la délégation, tout en encourageant le leadership de la Mission à maintenir ce “zéro allégation”. Toutefois, ces bons résultats ne sont pas du goût de tout le monde.
En effet, certains acteurs et actrices locaux de l’EAS se plaignent depuis lors de se “retrouver au chômage”, face à la sévérité des mesures mises en place par la MONUSCO.
“Vous devez savoir qu’un seul cas avéré d’exploitation et d’abus sexuels est une honte pour vous-même, pour votre unité, votre contingent, votre pays, et pour la Mission”, a rappelé Christian Saunders, coordinateur spécial pour l’amélioration de la réponse des Nations Unies à l’exploitation et aux abus sexuels.
Prenant la parole, Jean-Pierre Lacroix a félicité les membres (volontaires) des différents réseaux communautaires de rapportage des plaintes pour le sacrifice et leur contribution à l’éradication des EAS.
“Vous êtes les yeux et les oreilles des Nations Unies dans vos communautés, pour nous aider à comprendre ce qu’il s’y passe, et comment unir nos efforts pour mettre fin au phénomène d’abus et d’exploitation sexuels”, a déclaré J-P Lacroix.
“Beaucoup a été fait, mais beaucoup reste encore à faire”
Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix a reconnu que si beaucoup de travail a été effectué pour qu’on en arrive là où nous sommes aujourd’hui ; toutefois, il a demandé davantage d’efforts pour que la Mission ne dorme pas sur ses lauriers.
La joie des communautés locales
Du côté des communautés, on loue aussi les efforts fournis par la MONUSCO et la prise de conscience des Nations Unies face à ce phénomène.
“Les mécanismes mis en place par les autorités des nations unies pour lutter contre les abus et exploitation sexuels sont salutaires. Car depuis le mois de novembre 2023, nous sommes en train de constater un changement de la part des différents contingents nouvellement déployés dans nos zones de Beni, Eringeti, Kilya, Mayi-Moya et Beni ville. Nous demandons aux commandants de ces militaires de rester fermes sur ces décisions pour que nous arrivions demain ou après-demain à zéro cas d’abus et exploitation sexuels perpétré par les agents de l’ONU dans notre pays, la RDC”, a fait savoir Désiré Avinza Okanefu, président du réseau communautaire de rapportage de plaintes d’Eringeti.
Pour y arriver justement, les participants ont recommandé la multiplication des sensibilisations dans les communautés et du personnel des Nations Unies, l’augmentation du nombre d’investigateurs locaux qui connaissent mieux les réalités locales. Ces dernières appellent aussi au renforcement des capacités des membres des réseaux communautaires de rapportage de plaintes, à travers des moyens logistiques (transport, communication…) pour leur permettre de bien faire leur travail.
Roger KAKULIRAHI