Kinshasa, 10 février 2024- A travers une lettre ouverte adressée au Chef de l’État, le panel des experts de la société civile que chapeaute Dieudonné Mushagalusa, estime qu’il est d’une ultime nécessité de créer la cohésion nationale post-électorale. Voulant jouer son rôle de la sentinelle de la société , cette structure de dit disposée à apporter sa contribution pour la réussite de toute initiative tendant à rassembler le Peuple Congolais et à stabiliser le pays dans l’intérêt supérieur de la nation.
Ci-dessous l’intégralité de la lettre ouverte.
Concerne : Lettre ouverte relative à la nécessité ultime d’une cohésion nationale post-électorale.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Gardien des valeurs citoyennes, exerçant dignement les libertés fondamentales garanties par la constitution en ses articles 23 et 27 relatifs au droit à la liberté d’expression et s’inspirant du modèle de combat loyal mené par l’icône de la démocratie, Dr Etienne TSHISEKEDI wa MULUMBA, qui avait adressé en date du 30 décembre 1980 une lettre ouverte au Président de la République pour alerter l’opinion nationale et internationale sur le risque de la déliquescence qui guettait notre pays suite aux multiples crises conjoncturelles de l’époque ; le Panel des Experts de la Société Civile se fait le devoir de Vous adresser la présente lettre ouverte afin de ne pas assister impuissant à la décadence de notre grand et beau pays, la RDC, suite à ce que d’aucuns qualifieraient de négligence dans la gestion de la période postélectorale.
La présente lettre ouverte est un cri d’alarme pour prendre l’opinion publique à témoin sur le rôle de la Société Civile qui est celui d’alerter sur tous les faits et événements pouvant affecter négativement l’existence de la nation et surtout ceux qui touchent directement aux droits de l’homme.
Il est à noter aussi que la présente lettre ouverte traduit également la ferme volonté du Panel des Experts de la Société Civile de pouvoir Vous aider dans la lourde charge de conduire toute la nation vers un destin meilleur où la vie de chaque citoyen congolais sera placée au centre de la gouvernance politique de notre pays en tant que bénéficiaire premier des richesses de celui-ci.
Excellence Monsieur le Président de la République,
La situation post-électorale de la République Démocratique du Congo demeure préoccupante dans l’opinion publique, et les acteurs tant politiques que sociaux brillent dans une hypocrisie en sourdine espérant que la solution de stabilisation politique du pays tombera de quelque part. Cela est surtout avéré pour les acteurs politiques considérés comme appartenant à Votre camp.
Après avoir suivi, observé et participé aux différentes péripéties du cycle électoral en cours de finition, il nous revient de constater ce qui suit :
Les stigmates des innombrables irrégularités, des fraudes électorales généralisées, des violations intempestives du cadre légal et règlementaire électoral, de la gestion chaotique de tout le processus ainsi que la multiplicité de cas de recours, suite aux aveux de la commission électorale nationale indépendante , elle-même, dans une invalidation irrégulière de 82 candidats accusés d’avoir détenu illégalement des dispositifs électroniques de vote, ont fait accroitre la méfiance entre une bonne partie de la population et les dirigeants nouvellement élus.
La clameur publique intervenue à la suite de ce processus électoral inédit qui a permis très étonnamment une divagation incroyable du matériel sensible, du reste propriété constitutionnelle de la CENI, a été étayée par le tripatouillage de tout le processus électoral à l’actif des acteurs politiques filmés par la population, les électeurs et les candidats eux-mêmes.
La mauvaise gestion du processus électoral a brisé l’élan de la consolidation de la démocratie, affaibli la cohésion nationale, exacerbé les frustrations et creusé davantage les fractures au sein de la société congolaise. Toutes ces antivaleurs électorales font la honte de la République à la suite des perditions du leadership actuel de la CENI, dans ce que d’aucuns considèrent désormais comme simulacre d’élections jamais connues dans notre pays.
Les déclarations de nomination officielle des conseillers communaux par la bouche autorisée du Président de la CENI à la manière de la citation biblique selon laquelle « c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle » (Luc 6 :45), ont trahi toutes les règles professionnelles et éthiques du processus électoral et placé l’administration électorale congolaise dans une posture de Haute Trahison.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Toute personne éprise de paix et de sens élevé du patriotisme ne peut s’empêcher, aussi, de jeter un regard sur le contexte politique, sécuritaire actuel et même d’avant les élections, avant de Vous faire les suggestions que le Panel des Experts de la Société Civile pense être utiles pour la survie de la nation.
En effet, il est connu de tous :
Qu’avant les scrutins les plus longs de l’histoire électorale de notre pays, une partie importante de la population sous l’orientation du FCC qui est une force politique chère à Votre prédécesseur qui vous avait pacifiquement transmis le pouvoir et avec amour n’a pas participé à ces élections. On peut craindre qu’elle mette en doute la légitimité des animateurs des institutions issues de ces élections.
Que certaines circonscriptions électorales n’ont pas pris part aux élections passées pour de raison d’ordre sécuritaire et jusqu’à ce jour ces parties du territoire national échappent toujours au contrôle du Gouvernement central. N’ayant pas aussi participé au choix des « élus » issus de ce élections, leur légitimité peut faire l’objet des débats dans ces circonscriptions.
Que la CENI a annoncé que sur 49 millions d’électeurs attendus, seuls 18.813.181 ont participé au vote, après avoir enrôlé 43.955.181, inclus les nouveaux majeurs à l’horizon 2024, pour une population estimée à 120.000.000 d’habitant. Une certaine opinion peut se poser la question sur ce que pensent tous les autres congolais au sujet de la légitimité des résultats issus des scrutins passés.
Qu’avant la tenue des élections, il y a eu autant d’arrestations et des détentions de certains compatriotes par les services de renseignement aux motifs qui ne convainquent pas jusqu’à ce jour. Ils sont considérés ainsi par une opinion comme détenus politiques. Malheureusement, cette pratique s’est amplifiée au lendemain de votre prestation de serment dans la traque des défenseurs des droits humains dont Fred Bauma, Bienvenu Matumo et d’autres collègues. Des telles pratiques peuvent être perçues comme des méthodes d’intimidation des régimes non assurés de leurs légitimés face au peuple qu’ils doivent traiter avec respect et dignité.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Considérant l’évidence de cet abcd et le 4 constantes évoqués plus haut dans cette lettre ouverte, le Panel des Experts de la Société Civile se fait le devoir de faire les suggestions suivantes à Votre Haute Autorité :
Nécessité de décrisper la situation politique actuelle : Dans cette optique et conformément à votre serment : « Je jure solennellement (…) de défendre la Constitution et les lois de la République, (…), de maintenir son indépendance et l’intégrité de son territoire, (…), dignité humaine », nous Vous prions de Vous vêtir courageusement de Vos prérogatives constitutionnelles de Garant de la nation pour engager des actions politiques susceptibles d’apporter la paix et la stabilité en République Démocratique du Congo. Ce serment constitutionnel nous contraint à Vous exhorter de porter Votre attention sur les valeurs de dignité humaine en vue, notamment de :
Libérer « les prisonniers politiques et d’opinion » par toutes les voies de droit possibles (Cas de l’honorable Salomon IDI KALONDA Della, Stany BUJAKERA TSHAMALA, Papy MPUNGU, Mike MUKEBAYI NKOSO, KIPALAMOTO, l’Apôtre Christian NUMBI etc) ;
Humaniser les lieux de détention ;
Ouvrir la vie politique à plus de liberté d’expression, d’opinion et de la presse en conformité avec la loi.
Ouverture d’une concertation générale consensuelle pour la paix, la réconciliation et la cohésion nationale : Il s’agira d’un mécanisme de dialogue citoyen visant le rapprochement des forces vives de la nation en vue de la légitimation stabilisée des institutions de la République. Cette dernière suggestion aura l’avantage de rassembler TOUTES les parties prenantes à la politique de notre pays et les forces vives de la nation, afin de les amener patriotiquement à :
Aplanir les divergences pour éviter au pays la déliquescence de notre Etat,
Travailler ensemble en vue de recouvrer l’intégrité territoriale de la RDC, et
Avoir une vue d’ensemble sur toutes les questions liées à la tenue des élections dans notre pays.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Le Panel des Experts de la Société Civile est assuré qu’au regard de prérogatives constitutionnelles qui sont les Vôtres, Vous allez puiser dans Votre sagesse légendaire pour mettre l’intérêt supérieur de la nation au-devant de toute autre considération.
Le Panel des Experts de la Société Civile est disposé à apporter sa contribution pour la réussite de toute initiative tendant à rassembler le Peuple Congolais et à stabiliser le pays dans l’intérêt supérieur de la nation.
Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Président de la République, l’expression de notre très haute considération.
Pour le Panel des Experts de la Société Civile
Dieudonné MUSHAGALUSA CIRHUZA
Coordonnateur National & Porte-parole
Information :
Aux Organisations de la Société Civile et forces vives de la Nation
Aux partis politiques et leaders d’opinion
Aux Corps et Missions diplomatiques accrédités à Kinshasa