Kinshasa, 12 août 2024- Plus de 14 jours depuis que l’artiste pluridisciplinaire et directeur de l’Espace culturel des Mwindeurs, Niamba Malafi, a été arrêté et transféré, à la surprise générale, à la prison centrale de Makala. Une décision somme toute assez controversée que la communauté artistique congolaise qualifie d’arbitraire et inique de la part du Tribunal de Grande Instance de N’djili. Avec lui, 5 artistes danseurs sont également en prison pour “les mêmes infractions”.
Dans leur mécontentement, la communauté artistique congolaise, réunie dans un forum pour la cause, mène des actions pour parvenir à la libération pure et simple car les faits n’ayant pas été résolument prouvés pour une incarcération. Entre marche et campagne sur les réseaux sociaux, les artistes congolais ont saisi le ministre de la justice et garde des sceaux, Constant Mutamba, à qui ils ont écrit un mémorandum et déposé au ministère le week-end dernier.
Dans leur déclaration écrite à l’autorité judiciaire, les artistes plaident pour les artistes arrêtés et plus largement pour l’épanouissement des artistes en RDC.
“Nous invitons votre autorité à agir avec promptitude à ce que ce genre de comportement enfreigne la liberté culturelle et artistique ainsi que l’épanouissement des artistes en RDC. Les artistes congolais sont soumis à plusieurs bavures policières et judiciaires liées à l’exercice de leur métier. Notamment : des arrestations qui portent atteinte à l’intégrité et à la dignité liée au style des cheveux et vestimentaire. Nous vous demandons de prendre des mesures nécessaires afin de garantir aux artistes leur sécurisation et le respect de leur dignité liés à l’exercice de leur métier afin que cela ne se produise plus”, disent-ils dans ce mémo.
La communauté artistique va plus loin pour demander, non seulement l’acquittement pure et simple des condamnés et libération sans conditions des danseurs ainsi que de Malafi, mais également l’ouverture d’un dossier disciplinaire et même pénal contre le procureur pour des faits sus relatés qui, “visiblement, donnent lieu à des faits de trafic d’influence, abus de pouvoir, arrestation arbitraire à sa charge”.
Le procureur Jonas Kisubi Bantui Koko a été saisi par un habitant du quartier qui s’est plaint des costumes des danseurs qui faisaient leur vidéo d’exhibition des pas de danse devant le portail de sa voisine. Selon les informations nous parvenues, les danseurs avaient mis des maillots pour certains et des vestes pour d’autres.
Ils ont été saisis par des hommes en civile qui ont amené ces jeunes au Parquet, sans mandat d’arrêt. Ils ont passé nuit au cachot du Parquet avant d’être transférés à la prison pour un mois ferme et une amende de 200 000 Fc. Parmi les 5 danseurs, il y a 3 filles.