20è Tribune : “Verrouillage du débat sur le changement de la constitution, une menace à la volonté du peuple” (Thierry Monsenepwo)

Kinshasa, 17 octobre 2024- Depuis l’adoption de la Constitution en 2006, la République Démocratique du Congo a traversé de nombreux bouleversements politiques, économiques et sociaux. Cette Constitution, œuvre du peuple congolais, fut approuvée par référendum. Cependant, il est primordial de se rappeler que, tout comme elle a été adoptée par la volonté populaire, elle peut également être modifiée ou révisée selon les mêmes principes démocratiques. Ceux qui évoquent le verrouillage de certains articles de la Constitution omettent souvent une réalité juridique importante : la théorie de l’acte contraire. Cette doctrine stipule qu’un acte peut être annulé par un autre acte de même nature. En d’autres termes, si un référendum a permis de verrouiller certains articles, un autre référendum peut tout à fait autoriser leur révision ou leur suppression.

Depuis 2016, en tant que défenseur des aspirations réelles du peuple congolais, je, Jean Thierry Monsenepwo, me suis battu pour que cette Constitution, qui montre aujourd’hui ses limites, soit remplacée par un texte plus adapté aux besoins contemporains de la nation. Loin d’être une simple question de réformes superficielles, il s’agit de refondre un pacte social qui réponde aux aspirations légitimes de notre peuple. L’actuelle Constitution, bien que nécessaire en son temps, ne reflète plus la dynamique actuelle du Congo. Le peuple, qui en est le souverain, doit avoir le droit de s’exprimer sur une modernisation de nos institutions, une réforme de la gouvernance, et un changement constitutionnel.

Le refus catégorique de discuter de la révision de la Constitution démontre deux réalités troublantes. Premièrement, ceux qui s’opposent au débat révèlent une posture dictatoriale dans leur âme. Ils prônent une pensée unique et s’érigent en gardiens de la Constitution, refusant à la majorité le droit de remettre en question ou d’évaluer ce texte fondamental. Dans une démocratie véritable, aucun débat ne doit être fermé, et toute volonté populaire mérite d’être examinée.

Deuxièmement, cette opposition au débat constitutionnel montre un manque de vision sur la modernisation des institutions et de la gouvernance de notre pays. Ces résistants font le choix dangereux de réduire toute initiative de changement à une simple caricature liée à la personne du président Félix Tshisekedi, comme s’il s’agissait uniquement d’une question de maintien ou d’affaiblissement de son pouvoir. C’est une route fausse et dangereuse. La révision constitutionnelle dépasse la simple figure du Chef de l’État, elle concerne l’avenir de tout un peuple, ses institutions et sa gouvernance. Refuser cette discussion revient à priver le peuple congolais de l’évolution nécessaire pour s’adapter aux exigences d’une gouvernance moderne, démocratique et efficace.

Nous devons rappeler que la Constitution n’est pas un document sacré, figé pour l’éternité. Elle est une œuvre humaine, destinée à être adaptée et modifiée selon les réalités sociales et politiques d’un peuple en constante évolution. La démocratie se nourrit du débat, de la confrontation des idées et surtout de la volonté du peuple. Tout verrouillage excessif ou toute tentative de figer les institutions devient une menace pour la démocratie elle-même.

En appelant à un débat sérieux et transparent sur la révision de la Constitution, nous ne faisons qu’exercer notre droit légitime de citoyens, aspirant à un État plus juste, plus moderne, et plus en phase avec les réalités du 21e siècle. Laissons au peuple congolais le droit de s’exprimer à nouveau par référendum, comme il l’a fait en 2006. Refuser ce droit, c’est nier la démocratie et asphyxier l’espoir d’un Congo meilleur.

Que ceux qui craignent le débat comprennent que notre volonté de réforme n’est pas motivée par des ambitions personnelles, mais par la nécessité de bâtir un pays plus fort et plus stable pour les générations futures. Il est temps de remettre le pouvoir entre les mains du peuple, comme cela a été fait dans le passé, et de permettre à la volonté populaire de guider l’avenir de notre grande nation.

Jean Thierry Monsenepwo,
Défenseur d’une Constitution pour le peuple et par le peuple.

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