Goma, 18 décembre 2024 – Depuis le mois d’octobre 2024, le secteur de l’Enseignement supérieur et universitaire (ESU) est plongé dans une crise sans précédent. Le conflit trouve ses racines dans un premier mouvement de grève lancé en janvier 2022, suite au non-respect des engagements pris par le Gouvernement à travers les Accords de Bibwa 1. Bien que ces accords ont permis de suspendre temporairement la grève à l’époque, la situation n’a cessé de se dégrader depuis.
En effet, les promesses gouvernementales, telles que la mise en œuvre de la grille barémique de 2022, ont été partiellement honorées, avec seulement 50% de la grille appliquée jusqu’à ce jour, selon une note des Professeurs du pays. Au fil du temps, les syndicats des enseignants ont fait preuve de patience, espérant une solution qui n’est jamais venue. Le dernier épisode de cette crise s’est manifesté par la grève générale des enseignants à partir d’octobre 2024, après l’échec des négociations menées dans le cadre des travaux de la Commission paritaire de Bibwa 2.
Selon la même note consultée par Dépêche.cd, un addendum aux accords de 2022 a été signé en septembre 2024, mais les engagements pris par le Gouvernement restent non satisfaits, et ce, malgré des délais de plus en plus longs.
Les revendications des syndicats des enseignants issus de l’ESU sont multiples et concernent des aspects essentiels de leur vie et de l’administration des universités. Parmi les points les plus importants, on retrouve le paiement des arriérés complémentaires de 5 mois dus en 2023 dont trois mois seulement ont été réglés à Kinshasa, tandis que les provinces sont toujours en attente, l’augmentation de 50% de la prime institutionnelle pour le quatrième trimestre 2024, ou encore l’absence de progrès concernant la mécanisation des nouveaux docteurs à thèse.
À ces revendications s’ajoutent des problèmes structurels non résolus depuis plusieurs années, comme le paiement des salaires des professeurs dans certaines institutions et la livraison des véhicules promis aux enseignants.
Les syndicats de l’ESU dénoncent également l’inefficacité du Comité de suivi ministériel pour la production de la grille barémique 2025, qui n’a même pas été convoqué malgré des notifications officielles. Le Gouvernement, bien qu’ayant promis des solutions, tarde à répondre de manière concrète aux attentes des enseignants, et cela a conduit à la reprise de la grève. En 2022, c’était le Premier ministre, Chef du Gouvernement, qui avait réussi à maintenir la grève en mettant en place des mesures d’urgence. Un scénario similaire pourrait se répéter si les parties acceptent de se rencontrer pour trouver un enjeu à ce conflit.
Le Ban syndical de l’ESU, bien que frustré par la lenteur du processus, se dit ouvert au dialogue. Selon ses représentants, l’objectif demeure de privilégier l’intérêt du secteur et des étudiants, dans le but de garantir un système éducatif fonctionnel et de qualité pour la République Démocratique du Congo.
Alors que les étudiants restent à la maison, les regards sont désormais tournés vers le gouvernement, qui se trouve face à un choix, celui d’engager des négociations sérieuses pour éviter l’aggravation de la situation ou risquer une paralysie prolongée du secteur de l’ ESU, avec des conséquences incalculables pour l’avenir du pays et des étudiants.
Magloire TSONGO