Goma, 26 septembre 2023- Le Vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères, Christophe Lutundula a, à travers un message partagé vendredi dernier, donné un ultimatum aux rebelles du M23 pour quitter les zones de Rutshuru et Masisi, dans la province du Nord-Kivu.
“À partir du 24 septembre, dans quelques jours, si rien n’est fait, nous allons faire tout, je dis bien, tout, je le dis au nom du Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, pour que nos compatriotes regagnent leurs domiciles de manière qu’on puisse les enrôler, de manière que même tardivement, les candidatures soient déposées et qui y est campagne, qu’ils aient des élus”, a-t-il précisé.
Cet ultimatum de 48 heures a pris fin dimanche 24 septembre 2023, et semble être bafoué par les supplétifs du M23 et des Forces de Défense du Rwanda.
Les rebelles du M23 n’ont pas cédé à la pression. Kinshasa compte utiliser la force loyaliste pour déloger ce mouvement rebelle des zones occupées.
Que pense la rue à Goma sur cette décision ?
Dans la ville touristique de Goma, déjà asphyxiée économiquement depuis le début des conflits entre le Rwanda et la République Démocratique du Congo (RDC), les habitants émettent des avis divergents.
Approchés par le reporter de Dépêche.cd, les uns sont d’accord avec la position prise par le Gouvernement congolais. D’autres par contre, ne soutiennent pas le feu et préfèrent la diplomatie, vues les conséquences désastreuses qui, par la suite, pourront peser sur la ville de Goma.
“Que de continuer à souffrir, je souhaite supporter les affrontements s’ils vont apporter une solution durables”, dixit Clovis Akilimali Boyka, un habitant du quartier Himbi.
“Nous sommes mardi 26 septembre 2023, 2 jours après l’expiration de l’ultimatum donné au M23 par le gouvernement de Président Felix Tshisekedi ! Il paraît que c’est une énième promesse non tenue… Plus le temps passe, plus la population est victime de l’occupation de ces 3 territoires par le M23”, écrit le député provincial Promesse Matofali.
Même sentiments pour Masika Tsongo, habitante du quartier Majengo, au nord de la ville de Goma.
“Du n’importe quoi. Le M23 a conquis ce territoire par force et ne peut céder à un simple ultimatum. Que le gouvernement use de la force pour récupérer ses terres sous occupation. Penser le contraire, c’est rêver debout”.
Loin de là, l’ingénieur Bosembo Sunzwalo tacle le VMP des affaires étrangères. A l’en croire, il est très aberrant de donner des stratégies militaires à l’ennemi.
“Depuis longtemps, Kinshasa ne fait que parloter, mais sans aucune action sur terrain. Rien ne nous rassure que l’ultimatum donné sera respecté, puis suivi des actions de grande envergure. Ceux qui savent ne parlent pas, mais ceux qui parlent ne savent pas. Faut-il avertir l’ennemi que vous allez faire des offensives ou le surprendre ? C’est une aventure ce que fait le gouvernement congolais“, regrette-t-il.
Magloire TSONGO