Goma, 7 mai 2023: Instaurée depuis le 06 mai 2021 par le chef de l’Etat congolais, Félix Tshisekedi Tshilombo, l’état de siège a totalisé deux ans samedi 6 mai courant dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Malgré les promesses dans le premier discours du Gouverneur militaire du Nord-Kivu, le lieutenant-General Ndima Kongba Constant, lors de son arrivée à Goma, les organisations de la société civile et des groupes de pression doutent toujours de sa détermination à mettre fin à l’insécurité.
Le Mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA) assomme l’autorité provinciale deux ans après la mise en place de cette mesure exceptionnelle par le chef de l’État. Il regrette que les résultats sur le plan sécuritaire, le respect des droits humains, les libertés fondamentales ne sont pas toujours au rendez-vous.
“L’état de siège n’a pas été capable de contraindre les groupes récalcitrants à déposer les armes. En effet, l’instauration de l’état de siège n’a donné lieu à des nouvelles opérations militaires de grande envergure sur terrain. Celles qui étaient en cours ont paradoxalement diminué. La nomination des officiers militaires à des fonctions politico-administratives a contribué à détourner de ses missions régaliennes de sécurisation du territoire congolais et des ses citoyens et à renforcer l’affairisme de certains de ses hommes. Le manque de soutien logistique et financier conséquent de la part du gouvernement ainsi que le détournement des fonds alloués aux opérations militaires ont renforcé l’inefficacité de l’armée congolaise qui ne fait qu’assister impuissament à l’expansion des violations”, regrette la LUCHA.
Par ailleurs, ce mouvement pro-démocratie dit avoir enregistré 2367 personnes tuées au-cours de deux ans de l’Etat dans la province du Nord-Kivu. A en croire la Lucha, ce bilan humain est l’illustration parfaite de l’incapacité de l’état de siège à assurer la protection des civils.
Au même moment, la Lucha regrette que pendant l’état de siège, aucun groupe armé n’a été neutralisé. Bien au contraire, d’autres groupes armés ont surgi. En plus des forces démocratiques alliées (ADF) qui massacrent des populations civiles en Ituri et à Beni, au Nord-Kivu, le Mouvement du M23 mars soutenu par le Rwanda a surgi de ses cendres jusqu’à occuper plusieurs villages des territoires de Masisi, Nyiragongo et Rutshuru.
La Lucha pour le changement de la donne ?
Visiblement, le Mouvement citoyen reste préoccupé par la situation sécuritaire malgré la mauvaise volonté de Kinshasa. La Lucha appelle à lever l’état de siège pour passer à une évaluation exacte des opérations militaires au Nord-Kivu. A défaut, ce mouvement pro-démocratie appelle Kinshasa à démilitariser complètement les administrations publiques pour permettre à l’armée de concentrer ses efforts spécifiquement sur les opérations militaires et non sur les questions de gouvernance locale.
La Lucha demande également la mise en oeuvre d’un programme d’allègement fiscal et de relèvement économique dans les zones en conflits à l’Est de la République Démocratique du Congo et répondre aux exigences de la classe politique et de la société civile quant à la régularité, la transparence, la crédibilité et l’inclusivité du processus électoral en cours afin de mettre fin aux crises reçurentes de légitimité qui ont des conséquences grèves sur la souveraineté nationale.
Félix Tshisekedi Tshilombo aura-t-il son accord à l’état de siège?
Le chef de l’Etat Félix Tshisekedi avait instauré l’état de siège en réponse aux manifestations populaires dénonçant la persistance de l’insécurité et des massacres des civils dans le territoire de Béni, au Nord-Kivu, et Irumu, dans la province de l’Ituri.
Selon l’ordonnance de proclamation de l’état de siège, cette mesure avait pour objectif de neutraliser les groupes armés et sécuriser les populations civiles de ces deux provinces. Les autorités civiles avaient été remplacées par des officiers de l’armée et de la police nationale à la tête de deux provinces, de leurs territoires, de leurs villes et de leurs communes.
Prévu initialement pour 30 jours à dater du 06 mai 2021, l’état de siège est depuis prorogé chaque 15 jours par le Parlement. Le chef de l’Etat , Félix Tshisekedi Tshilombo ne souhaite pas mettre fin à cette mesure exceptionnelle malgré les demandes de certaines organisations de la société civile. Au sein de la communauté, il y a des doutes sur l’organisation des élections dans ces deux provinces de la partie Est de la RDC.
Magloire TSONGO