Kinshasa, 17 avril 2023- La polémique autour de la frontière rwando-congolaise n’a plus sa raison d’être. Déjà, plusieurs historiens du monde savent que c’est la République Démocratique du Congo qui a des terres à réclamer au Rwanda, et non le contraire.
Pour le professeur Isidore Ndaywel, le “Rwanda n’avait pas accès au lac Kivu. C’est sur demande de l’Allemagne que la RDC a dû le lui accorder”.
Dans une ancienne vidéo qui fait le tour des réseaux sociaux, ce grand historien congolais avait déjà expliqué la contre-vérité, qui dit que le Congo est à la base de la réduction de l’espace du Rwanda.
“Il existe un mythe du grand Rwanda qui s’est développé dans la région, et qui, depuis la fin des années 1990 nourrit un imaginaire susceptible de pérenniser le climat des violences existant”, avait déclaré le professeur Isidore Ndaywel.
Et d’ajouter : “A partir de la manipulation des mythes anciens, on prétend qu’il aurait existé un grand Rwanda qui englobait les espaces actuels du Nord et du Sud-Kivu, et que ce Grand Rwanda aurait été combattu puis réduit à des portions conclues lors des conquêtes coloniales. Cette nouvelle situation aurait été adoptée par la conférence de Berlin puis après les indépendances par le 2e sommet de l’OUA en 1964 qui a opté sur le principe de l’intangibilité des frontières. On comprend alors que cette soi-disant reconstitution du passé puisse alimenter des velléités hégémoniques du présent, en vue de l’accaparement éventuel d’une partie des terres congolaises”.
Ainsi pour l’historien Ndaywel, “en ce qui concerne les frontières rwando-congolaises, la situation ne souffre d’aucune ambiguïté. S’il faut revenir à la première carte de la région, du 1er août 1885, c’est le Congo qui a des terres à récupérer au Rwanda, et non le contraire, car sur cette carte initiale, la parte occidentale du Rwanda était congolaise”.
Et d’expliquer : “C’est l’expédition du conte allemand Van Bilsen, faisant la découverte du lac Kivu en 1884, qui permit la réouverture des négociations qui aboutirent à la signature de la convention du 11 août 1910 avec l’Allemagne, fixant la frontière actuelle avec le Rwanda et le Burundi”.
Pour ce professeur d’université et de renommée internationale, “par cette convention qui adopta un nouveau tracé allant du mont Sabinio au Tanganyika, le Congo perdu une partie de ses terres au profit du Rwanda et du Burundi. L’instrumentalisation de l’histoire des conquêtes rwandaises au 19è siècle est également une accumulation des malentendus et même d’erreurs. L’allusion concerne toujours le règne de Kigeri IV, le roi qui était en place depuis 1867 et 1895 ; avec ses 8 armées, ce roi aurait organisé 13 campagnes militaires à la base de l’expansion et de la centralisation du royaume du Rwanda. Mais certaines de ses campagnes, furent des simples expéditions de radia pour s’emparer de l’ivoire, comme dans les forêts du pays de Tembo, sans être suivies d’une annexion effective. De même, toutes ces campagnes ne furent pas couronnées de succès, comme dans le sud contre le Burundi”.
Makambo Bernetel